chapitre 103 image
Je suis totalement surprise de voir Estelle ici, surtout qu’elle m’avait fermé la porte au nez, en étant dans une colère folle. Je l’ai totalement comprise, je me serais aussi sentie abandonnée si mes amis m’avaient fait la même chose.

Ma mère se lève, se dirige vers moi, place ses mains sur mes épaules en me regardant droit dans les yeux. Elle me dit qu’Estelle est là depuis maintenant une heure, qu’elle a attendu mon retour pour pouvoir me parler.

De son côté, pour nous laisser du temps, elle a prévu de sortir prendre un verre avec Christine, elle pense être de retour pour 20H. Ses affaires étant prêtes, elle nous salue, puis elle disparaît par la porte nous laissant ainsi seules.

Je suis toujours debout devant la porte, je n’ai pas vraiment bougé depuis mon arrivée, je détourne les yeux, de façon timide. Je ne sais pas vraiment quoi faire, ni quoi dire, je n’avais pas du tout envisagé cette scène.

Estelle se lève, se dirige vers moi, tandis que j’essaie de me faire encore le plus discrète possible, comme si je pouvais me replier sur moi-même jusqu’à disparaître.

Estelle : Ju… ?
Moi : je…, je ne sais pas quoi dire…
Estelle : alors ne dis rien et écoute moi, d’accord ?
Moi : d’accord
Estelle : Ju, je suis vraiment désolée d’avoir criée comme je l’ai fait ce matin, en te fermant la porte au nez. Je n’ai pas réfléchie que tu pouvais perdre tes mots quand une situation te stresse, et je me suis rendue compte qu’après, qu’il t’a fallu énormément de courage pour venir me parler, et me présenter tes excuses. J’aurais dû savoir t’écouter, te laisser le temps de me dire ce que tu avais sur le cœur, plutôt que de te pousser comme je l’ai fait. Pour ça, je me suis sentie très mal tu sais

Je lève mes yeux vers Estelle, des larmes coulent sur ses joues comme sur les miennes en écoutant ce qu’elle me dit, elle tente de regarder ailleurs comme pour garder la tête haute, tout en continuant de me parler…

Estelle : je ne sais pas pourquoi tu as fais ça… mais ça ma fait mal, de ne plus t’avoir auprès de moi. Mais ce qui m’a fait le plus mal encore, c’était de t’avoir crié dessus, en te disant toutes ces choses que j’avais sur le cœur… je savais que ça te ferait de la peine, et j’en ai franchement souffert…

Nous sommes là, toutes les deux à pleurer, dans le silence, puis Estelle me regarde en essayant d’essuyer ces larmes.

Estelle : je te demande pardon
Moi : je te demande pardon aussi

Sans prévenir Estelle se jette contre moi, tout en me serrant aussi fort que possible. Cette étreinte, je l’ai imaginé tant de fois depuis ces derniers jours, que cette scène me parait tout à coup irréel, le temps est comme suspendu.

Aucune de nous deux ne veut lâcher l’autre, par peur de la perdre à nouveau, tandis que nous fondons en larmes, tout en riant en même temps. Cela sonne bizarre, des pleures, des rires, en reniflant je fais même un petit bruit de cochon, ce qui ne manque pas de nous faire rire encore plus.

Estelle me regarde dans les yeux un instant, puis me dit de venir sur le canapé avec elle. Nous essayons de nous calmer un peu, les yeux toujours brillant, elle me présente ses excuses pour m’avoir parlé ainsi l’autre jour.

Nous passons bien les quinze premières minutes à nous excuser l’une envers l’autre, pour ce qui a été dit, été fait, avouant par la même occasion nos peines, nos blessures quant à la réaction de l’autre.

Nous pansons nos blessures par les mots, par les pleures, par nos sourires, et nos étreintes. Je suis si heureuse de retrouver mon amie, je me sens de nouveau complète, mon cœur bat fort, il n’a plus du tout mal.

Il y a tant de choses à ce dire encore, à rattraper entre nous. Je suis tellement heureuse de retrouver Estelle, tellement soulagée d’être assise là avec elle, à nous parler. Je lui raconte combien de fois j’ai du retourner cette scène dans ma tête en arrivant à la conclusion qu’elle ne voudrait plus être mon amie.

Elle m’enlace de nouveau dans ses bras, pour me réconforter, mais en même temps pour se rassurer elle aussi. Je pleure encore, c’est surtout la joie de la sentir tout contre moi qui me submerge

Moi : et dire que j’ai oublié la boîte chez Guillaume
Estelle : la boîte ? Mais c’était quoi cette boîte ?
Moi : c’était ton gâteau préféré
Estelle : oh, tu aurais dû commencer par là, je t’aurais pardonné de suite
Moi : ah mais toi…

Je ne manque pas l’occasion pour lui sauter dessus, la chatouillant partout jusqu’à nous retrouver allongées toutes les deux sur le canapé. Nous nous enlaçons comme deux amantes, émues de se retrouver, ma tête enfouie dans son cou, je lui dis combien je suis heureuse qu’elle soit là.

Estelle : je le suis encore plus, tu ne peux pas savoir comment tu m’as manquée, ne plus pouvoir rire avec toi, ou même taquiner Kévin ensemble
Moi : je me suis rendue compte trop tard, que je ne vivais plus rien avec vous, mais je ne pensais pas à quel point cela pouvait vous faire mal
Estelle : tu sais, peut être que Kévin ne te l’a pas dit, mais il était très triste. Nous sommes ses seules amies, ne plus t’avoir lui faisait mal, et il avait peur que je trouve un copain, et que je l’abandonne aussi
Moi : vraiment ?
Estelle : oui

Mes larmes coulent de nouveau en entendant cet aveu, cette pensée intime de Kévin, mais surtout le fait de l’imaginer seul, perdu. Il faut que je me rattrape envers lui, Estelle me dit alors que ce serait bien de se faire un week-end comme on le faisait, histoire de tout reprendre à zéro.

Je lui dis que c’est une très bonne idée, et que rien au monde ne nous empêchera de se voir, de profiter de ce moment entre amis. Nous nous enlaçons une nouvelle fois dans un silence, je n’oublie pas ce qui s’est passé, ce qui aurait pu arriver si mes amis ne m’avaient pas pardonné.

Je dois faire plus attention à eux, au monde qui m’entoure, je ne peux pas simplement m’enfermer dans ma bulle tant que cela me va. J’ai de la chance d’avoir des personnes qui m’aiment, et je dois en prendre soin.

Tout en restant allongées, Estelle tente de rattraper le temps perdu, elle me pose des questions sur ma relation avec Guillaume. Je me rends compte sérieusement que je l’ai laissé sans nouvelles depuis tout ce temps, alors que je lui disais bonjour tous les matins.

Moi : hey bien, je l’ai fait avec Guillaume
Estelle : t’es sérieuse ? Quand ça ?
Moi : c’était au retour des vacances
Estelle : et tu me dis ça que maintenant ? Alors qu’on se dit tout en temps normal
Moi : c’est vrai, je suis désolée, je n’assure pas, j’étais tellement…
Estelle : amoureuse oui je sais, en même temps, je me mets un peu à ta place, je ne sais pas si j’aurais été mieux que toi
Moi : c'est-à-dire ?
Estelle : sûrement que je vous aurais aussi oublié, alors je suis mal placé pour t’en vouloir
Moi : écoute, si ça arrive un jour, je saurais pourquoi, et je ne t’en voudrais pas

En même temps, comment je pourrais leur en vouloir après ce que je leur ai fait ?

En tout cas, Estelle veut tout savoir, elle me pose des tas de questions, elle est pire que ma cousine. Elle me demande comment ça s’est passé, si j’ai eu mal, si j’ai pris du plaisir, ou déjà jouie, quelles positions nous avons testé, etc…

Presque toutes les questions y passent, bien sûr, je ne lui cache rien du tout, puis en même temps cela nous permet d’échanger sur nos différents ressentis. Elle est toujours cette fille folle, direct, drôle, lui parler me fait le plus grand bien, surtout après ce que nous venons de traverser.

Nous restons là, toutes les deux à nous parler pendant des heures, je lui montre également mes photos avec Guillaume, elle sait combien je suis heureuse avec lui, et malgré le fait que je m’étais éloignée d’elle, elle savait que j’étais entre de bonnes mains.

Je lui montre également la photo de mon chéri et moi, prise juste après avoir fait l’amour. Estelle la regarde attentivement, me souriant elle me dit que je suis coquine, et se demande s’il y a d’autres photos du genre dans mon téléphone.

Je lui dis que non, c’est la seule, qu’il ne m’est pas venu à l’idée d’en faire d’autres, et surtout pour quoi faire ? Elle me sourit en me disant que ce serait coquin d’avoir ce genre de photo avec son copain.

Je ne pense pas que cela intéresse Guillaume, en tout cas Estelle continue de regarder la photo, bien que l’on n’y voie pas grand-chose. A part nos visages souriants, ému d’avoir vécu notre première fois, et laissant deviner que nous sommes nus, la photo ne dévoile rien d’intime.

On y voit le torse de Guillaume, mes épaules nues, ma poitrine contre la peau de mon chéri que l’on ne distingue pas du tout. Mais cette photo plait beaucoup à Estelle, elle installe l’envie d’en voir plus, elle éveille le désir le plaisir pour elle.

Elle me fait rire, elle est toujours aussi coquine, pendant que nous rions, la porte s’ouvre, c’est ma mère qui est de retour. Nous regardons l’heure, nous ne l’avons pas du tout vu passer, nous avons tant de choses à nous dire encore, mais Estelle doit rentrer.

Ma mère lui demande si elle ne veut pas rester pour manger, mais Estelle décline l’invitation, elle a promis à ses parents de rentrer avant dîner.

Mes larmes perlent de nouveau, je n’ai pas envie qu’elle parte, mais je sais que je vais la retrouver maintenant, il n’y a plus ce doute, cette peur dans mon cœur. Je la raccompagne jusqu’en bas, je l’enlace une dernière fois, puis elle me rappelle que nous nous ferons une soirée avec Kévin le week-end prochain.

Je ne risque pas de l’oublier, et j’ai vraiment hâte d’y être pour profiter de mes amis comme avant…
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