chapitre 71 image
Ce matin, à mon réveil, j’ai un mal de tête pas possible. Je me dis alors que la journée commence vraiment bien. Je cherche mon téléphone pour regarder l’heure. 9H et un message de Guillaume.

Il est plutôt matinal, je lui réponds vite fait que je viens de me lever, aussi je me rends compte que j’ai des douleurs abdominales. La tête enfoncée dans mon oreiller je viens de comprendre que mes règles sont là. J’avoue ne pas être habituée encore, et que je n’y pensais plus du tout.

Je me lève, cherche dans mes affaires une serviette. Je ne voudrais pas tâcher mes draps ou autres. Et puisque je suis debout, autant rejoindre les autres sur la terrasse même si je n’ai pas vraiment envie de prendre un petit déjeuner.

En me voyant arriver, ma mère remarque à ma tête que ça ne va pas. Mes cousins et cousine ne sont pas encore levés, donc je m’installe aux côtés de ma mère, puis lui dis tout bas ce que j’ai. Tout le reste de la journée je me suis sentie dans le même état, avec les nausées en plus.

Donc je suis plutôt restée tranquille dans l’annexe à regarder des films avec Karine. Elle a déjà eu ses règles aussi depuis un peu plus d’un an maintenant. Et elle m’a dit aussi que pour elle, c’était assez chiant les premiers temps, mais qu’aujourd’hui elle est habituée, et que ce moment ne semble pas la déranger plus que ça.

Elle me rassure d’un côté, je me dis qu’avec le temps, je vais m’y faire, de toute façon je n’ai pas trop le choix. Mais je me dis surtout qu’à l’avenir je serais moins embêté que je ne le suis là.

J’ai aussi passé du temps avec Jordan sur ses jeux vidéo, je dois dire que je me suis plutôt bien amusée. Il m’a demandé s’il pouvait choisir mon sous vêtement pour la nuit, pour le coup, j’étais obligé de lui expliquer ma situation.

Il s’est excusé plusieurs fois, pensant avoir fait une bêtise en me demandant ça alors que je ne me sens pas bien. Mais il m’a fait rire, lui ai dit qu’il ne pouvait pas savoir et qu’il n’avait rien fait de mal.

Mes règles ont durées trois jours, à peu près comme la dernière fois. Je n’ai pas beaucoup mangé, je n’ai pratiquement rien fait à part des jeux et des films. Anthony, lui, a commencé à se servir de son appareil photo. Il a aussi beaucoup lu le livre que nous lui avons offert, il s’essaie à fond dans la photographie.

Aujourd’hui, nouveau jour, je me suis levée vers 8H, plus en forme que les jours précédents. J’ai pris un bon petit déjeuner, et je dois dire que j’ai très faim. Je retourne à l’annexe où je trouve Anthony sur son ordi. Je lui demande si je peux entrer, il regarde les quelques photos qu’il a pris avec son appareil.

Je lui demande ce qu’il fait, Il me dit, qu’il essaie de comprendre toutes les façons possibles pour faire de belles photos. Je ne m’y connais pas du tout, mais je l’encourage, et pour moi, franchement, les photos qu’il a prises sont déjà très belles.

Nous discutons un bon moment, il me dit tout ce qu’il a déjà essayé en parcourant le livre. Je l’écoute longuement, je suis contente de voir comment ça le passionne. Il me demande si je veux l’accompagner pour prendre quelques photos, et franchement, oui, j’ai envie de sortir, de me promener.

Karine et Jordan, eux, ne sont pas d’humeur à bouger aujourd’hui, alors nous partons que tous les deux. Nous n’avons pas vraiment d’idée où aller, donc nous prenons le chemin pour aller à la rivière.

Arrivés à la décharge, Anthony observe, se positionne, prend une photo, puis une autre. De mon côté je le regarde faire, et en voyant le bus à côté, je ne peux m’empêcher de repenser à ce qui s’est passé ici avec Jordan.

Après quelques minutes, nous reprenons le chemin de la rivière. Nous nous arrêtons souvent, Anthony me parle de ce qu’il a lu, de ce qu’il a déjà essayé et autres. Je ne comprends pas tout ce qu’il me dit, mais c’est tout de même très intéressant à l’entendre. Tout ça me semble très complexe, et très technique pour prendre une photo. Je pensais réellement qu’il fallait tout simplement appuyer sur le bouton et le tour est joué.

Mais en écoutant Anthony, je me rends compte que c’est tout le contraire, il faut prendre en compte, la lumière, l’angle et beaucoup d’autres choses. Nous arrivons finalement à la rivière, et avec tous les arrêts, les photos prises, nous avons mis beaucoup plus de temps que d’habitude pour arriver jusqu’ici.

Je m’installe près de l’eau, le soleil me fait du bien malgré le froid, je repense à nos moments passés ici. J’ai hâte de revenir ici en été pour pouvoir me baigner, et partager d’autres moments avec les autres.

Anthony vient également se joindre à moi, il laisse un peu de côté ses photos, il me tend une bouteille d’eau. Il me fait remarquer que c’est la première fois que l’on se retrouve seul tous les deux loin de la maison. L’autre soir nous étions dans la chambre, mais aujourd’hui nous sommes loin des autres.

Je lui dis gentiment qu’il était très distant lorsque je suis revenue il y un an, j’avais moi-même encore un peu de mal pour me sociabiliser, et avec ce qu’il a vécu je le comprends tout à fait. Il me dit qu’il essaie de changer, mais que c’est très dur pour lui, surtout quand il semble en vouloir au monde entier.

Il sait que nous ne sommes en rien fautifs dans ce qui lui est arrivé, mais il me dit que le regard des autres est très difficile à ressentir. Qu’il a l’impression d’être jugé en permanence, d’être mis à part et abandonné. Ce qui est le plus difficile, c’est se dire que tout le monde à encore sa maman, et pas lui. Pourtant il sait que ce n’est pas toujours le cas, il sait que d’autres ont vécus la même chose, ou voir pire. Mais il ne comprend toujours pas pourquoi ça lui est arrivé.

Je reste silencieuse devant mon cousin, pour la première fois je l’entends me parler de ce qu’il ressent, de ses pensées, et ça m’attriste. Il me dit que lorsqu’il m’a revue, il ne s’est pas senti comme un étranger, qu’il avait quelqu’un dans la famille qui le comprenait, qui ressentait la même chose. Il sait qu’il a été très distant, mais c’est ce sentiment de lien qui l’a poussé et encouragé à changer.

Je suis contente d’entendre ses mots, de savoir que je suis une personne, vers qui il peut se rapprocher. Il reste silencieux un instant, puis je lui demande de me décrire comment était sa mère.

Son regard fixe l’eau qui s’écoule, puis un léger sourire se dessine sur son visage. Il me dit que sa mère était très belle, toujours là, à veiller sur lui, à ce qu’il ne lui manque rien. Il me parle de sa musique, de ses séries préférées, de sa façon de rire ou encore de le gronder quand il faisait des bêtises. Il regrette cependant comment il lui répondait par moment, à vouloir faire le grand et ne pas l’écouter.

Anthony arrête de parler, il est pensif, et je vois ses yeux briller, puis il me demande de lui parler de mon père. Je ne sais pas trop quoi lui dire, je n’ai que très peu de souvenir de lui, comme si, peu à peu il perdait la place qu’il occupait dans ma vie. Et je me demande d’ailleurs si j’avais une place dans la sienne. Partir comme ça du jour au lendemain sans donner une nouvelle, il y a de quoi penser que je ne représente rien pour lui.

Je lui dis que j’éprouve le même sentiment que lui, celui d’être abandonner, d’être une étrangère. Mais qu’il ne faut pas oublier que nous ne sommes pas seul, j’ai eu la chance d’avoir une mère aimante à mes côtés, je lui dis que malgré que son père ait encore de la peine, qu’il sera toujours là pour lui.

Après avoir longuement parlé, nous sommes restés ainsi, assis, sans bouger ni parler, à regarder l’eau s’écouler. Le ciel s’assombrit tout doucement, il ne vas pas pleuvoir, mais cela nous rappel à la réalité. Je pense qu’il est temps de rentrer, je me lève sans un mot, Anthony fait de même puis nous commençons à marcher doucement vers la maison.

Arrivés à la décharge je me mets à rigoler toute seule, Anthony me regarde, ne comprenant pas trop ce qui se passe. Je lui dis simplement que je me rappel de notre folle course jusqu’à la maison. Anthony se met à rire également en me disant que même s’il me donnait vingt secondes d’avance, je ne gagnerais pas.

A peine avait il finit sa phrase que je partais en courant, tout en comptant haut et fort, un, deux, trois….
J’essayais de mettre le plus de distance possible entre mon cousin et moi, arriver à vingt, je l’entendais crier derrière moi « j’arrive ! ».

Je donne tout ce que j’ai, je ne me retourne pas, je ne sais pas du tout si Anthony gagne du terrain ou non. Je cours aussi vite que je peux, je vois la maison, j’entends les pas de mon cousin se rapprocher. Il me dit que je suis trop lente, et je ne peux m’empêcher de rire, ce qui me fait ralentir d’ailleurs.

Mais la barrière est là, je tourne la tête, Anthony n’est qu’à quelques mètres derrière moi, je ne lâche rien, je donne tout dans un dernier effort, puis j’arrive la première. Je cris haut et fort ma victoire, puis je tente de récupérer mon souffle comme je peux. Anthony est là, aussi essoufflé que moi, il me félicite pour cette course.

Cette course nous à permis d’évacuer toute cette émotion partagée à la rivière, et franchement, à voir nos sourires, ça fait vraiment du bien. Anthony me tend la bouteille d’eau, je la vide entièrement puis nous avançons vers la maison.

Nous arrivons juste pour l’heure de manger, je dois dire que j’ai très faim. Tout le monde est là, ça parle de tout comme d’habitude, mais je n’écoute plus vraiment les conversations. J’ai trop mangé je pense, et pour le coup je me sens bien fatiguée.

J’attends le moment de débarrasser pour aider, cet après-midi, chacun à un programme un peu différent, une visite chez un ami, une balade en ville ou d’autres vont se reposer.

Avec Karine nous décidons d’aller en ville, je dois avouer que je prends le risque de monter une nouvelle fois dans la voiture de tante Claire. Mais pour être honnête, le trajet s’est plutôt bien passé. Une fois en ville nous nous promenons dans les rues, de boutique en boutique.

Nous continuons de marcher, nous sommes près d’un petit stand, lorsque j’entends une voix qui m’appelle. Je ne rêve pas, j’entends bien quelqu’un m’appeler, je me retourne et je vois Thierry qui s’avance vers moi.

Je suis surprise de le voir, et lui encore plus. Il faut dire que je ne lui ai pas envoyé de message depuis un moment. Nous parlons un petit peu pour se donner quelques nouvelles, mais ne souhaitant pas nous déranger, il nous quitte très vite.

Après s’êtres balader pendant près de deux heure, nous nous posons à une terrasse pour boire un verre. Nous discutons de tout et de rien quand un mec s’approche de nous. Tante Claire a eu du mal à le reconnaître, mais apparemment ils se connaissent. De ce que je comprends, ils étaient dans la même classe au collège. A regarder tante Claire, elle a l’air de vouloir échapper à cette discussion, elle ne sait pas trop quoi dire, et ne cesse de sourire pour rester poli.

Le mec s’appelle Thomas, il n’est pas méchant, mais semble un peu lourd. Surtout que sans rien demander, il commence à s’inviter et prendre une chaise. Honnêtement à ce moment là, il n’y a pas que tante Claire qui commence à être mal à l’aise. Il parle beaucoup et ne cesse de revenir sur la période du collège.

On ne sait vraiment plus comment s’en débarrasser, tante Claire commence à moins sourire, et j’ai peur de ce qui pourrait bien suivre. Heureusement pour nous, le téléphone sonne. C’est mamie au bout du fil qui lui demande de faire une course avant de rentrer. Thomas ne parle plus, mais semble ne pas vouloir lâcher tante Claire du regard. A peine a t’elle raccroché qu’elle mit fin à la conversation, que nous devons aller vite faire une course et tout.

Nous avons payés nos consommations et sommes partis assez vite. Je crois que Thomas voulait lui poser une question avant de partir, mais tante Claire ne lui à pas laisser l’occasion de s’exprimer. Nous sommes partis faire la fameuse course de mamie, puis nous sommes rentrés.

Mamie est surprise de nous voir déjà à la maison, surtout qu’elle avait dit que la course n’était pas urgente. Mais c’était pour nous la meilleure occasion de partir au plus vite.

Le reste de la soirée se passe normalement, petit dîné en famille et petite session film avec les cousins et Karine.
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