chapitre 99 image
J’arrive chez moi, la boule au ventre, je ne me souviens même pas de mon trajet jusqu’ici tellement je suis ailleurs. Je n’ai pas la force de manger, je n’ai envie de rien, si ce n’est que m’allonger dans mon lit.

Tout mon après-midi, je vais vivre une descente infernale, en essayant de trouver une réponse aux questions d’Estelle, mais rien ne me vient.

J’ai mal, terriblement mal, dans mon ventre, dans ma poitrine, puis mes larmes commencent à couler, je pleure. Mes yeux fermés, mes joues humides, mon oreiller aussi se gorge de mes larmes.

Je revois dans ma tête, le regard des autres devant la grille, comme des accusateurs, des juges, des bourreaux. Je suis coupable, sans nul doute, je n’ai aucunes défenses, rien qui puisse me sortir de cette situation.

Je suis seule dans ma chambre, à me morfondre, pleurant à n’en plus finir, me demandant tant de choses. Je revois le regard d’Estelle, rempli de colère, ses mots comme des lames venant me transpercer la poitrine, jusqu’à atteindre mon cœur.

Je saigne de l’intérieur, j’ai mal, terriblement mal, et pourtant c’est moi qui aie causé tout ceci. C’est mon attitude, le fait d’avoir délaissé mes amis pour profiter de Guillaume.

Je n’aurais jamais dû faire ça, je me rappelle notre rencontre, c’était la seule fille, la seule élève de l’école à m’approcher, alors que j’étais toujours isolée, remplie de peur. Cette petite fille venait me parler chaque jour, dans la cour de l’école alors que je restais silencieuse. Cette fille m’a accompagnait tout du long, alors que je ne disais rien. Elle aurait pu arrêter de venir me voir, m’abandonner pour se trouver des amis, mais non.

C’est une fille qui a su attendre mes premiers mots, qui a su attendre que je sorte doucement de ma carapace. Je me souviens que lorsque je lui ai parlé pour la première fois, son visage s’est émerveillé, elle était si heureuse d’entendre ma voix, qu’elle n’a pas arrêtée de me poser des questions.

Je n’ai pas su quoi répondre ce jour là, mais encore une fois, elle avait été plus que patiente, me parlant de tout, de ses peluches à qui elle avait donné des noms très originaux. Je me souviens qu’elle avait une imagination débordante, un esprit vif, et à la fois curieux.

Sans cesse, elle se demandait « pourquoi ? », « comment ? », tandis que moi, je ne disais rien.

Lorsque j’ai trouvé le courage de lui parler une nouvelle fois, elle est restée calme, silencieuse, me laissant le temps de prononcer mes mots, avec ma voix timide. Son visage était souriant, ses yeux brillant, puis sa main s’est posée sur la mienne, et avec sa petite voix douce, elle m’a dit

« Je serais ton amie pour toujours »

Elle ne m’a jamais abandonné, elle a tenue parole en devenant ma meilleure amie, avec qui j’ai depuis ce jour, partagé tant de moments. Toutes les photos dans ma chambre sont là pour en témoigner, ma première amie à me souhaiter mon anniversaire, à me donner un cadeau, à me prêter sa veste, à partager son goûter.

Elle ne m’a jamais abandonné, mais c’est ce que j’ai fait moi.

Mes larmes ne cessent de couler, tout en repensant à tout ça, à nos souvenirs communs. Je cherche encore à quand remonte notre dernier moment ensemble, Estelle, Kévin et moi. Elle m’a parlé d’avant les vacances, je ne peux pas y croire, j’étais tellement dans ma bulle avec Guillaume, que je n’ai pas vu le temps passer. Mais surtout, je n’ai pas vu que je laissais mes amis de côté

Je comprends tout à fait la réaction d’Estelle, je ne peux pas lui en vouloir, pas après ce que j’ai fait, mes larmes coulent encore plus en me disant que ce sont peut-être les derniers mots que j’aurais entendu d’elle. Je me dis, qu’après tout ça, elle ne voudra plus m’adresser la parole, qu’elle ne voudra plus jamais me voir.

Je ne peux pas imaginer cela, non, c’est trop dur, la perdre elle et Kévin, non, c’est quelque chose que je ne peux pas concevoir, il faut que je me retire ça de la tête. Je continue de pleurer, seule dans mon lit, alors que le temps s’écoule.

Les heures ont passés, je suis restée ainsi dans mon lit, sans bouger. J’entends ma mère qui rentre du travail, puis elle ne fait aucun bruit, pensant sans doute que je suis avec Guillaume dans ma chambre. Elle reste silencieuse pendant un bon moment avant de venir toquer à ma porte.

Je lui dis qu’elle peut entrer, lorsqu’elle ouvre ma porte, puis qu’elle me voit ainsi, elle se pose à ce moment là des milliers de questions. Totalement surprise, elle se dépêche de venir me voir me demandant ce qui se passe. Elle a de suite penser à Guillaume, peut-être une dispute, ou alors pire.

Je lui dis que ce n’est pas du tout ça, alors je lui explique ce qui s’est passé. En lui racontant toute l’histoire, les larmes me reviennent, ma mère m’écoute attentivement, me serrant dans ses bras, attendant que je termine.

Elle me sert très fort tout contre elle, puis inspire profondément. Elle me dit être triste pour moi, mais à la fois soulagé, que ce ne soit pas plus grave. En me voyant en larme, blotti dans mon lit, elle a imaginé le pire.

Bien sûr elle me comprend, elle sait très bien à quel point ça doit être douloureux pour moi. Elle s’allonge dans mon lit, me serrant tout contre son corps, m’apportant de la chaleur, du réconfort. Elle me parle d’une voix douce, ses mots sont comme un baume sur moi, en l’écoutant, je me sens apaisée.

Elle me réconforte dans le sens, où je sais qu’elle sera toujours là pour moi, qu’importe la situation, elle sera toujours présente.

Toute la soirée, ma mère ne me lâchera pas, elle se rappelle de ses moments, où j’étais encore cette fille timide, renfermée. Elle savait me garder auprès d’elle, tout en me laissant mon espace, pour que je me sente mieux.

Aujourd’hui c’est un peu différent, j’ai de nouveau commencé à avoir une crise, mais pas comme j’aurais pu le faire avant. Du moins je me souviens de ces moments où je restais enfermée des heures, voir des jours sans prononcé un mot à ma mère.

Aujourd’hui je reprends plus vite le contrôle, bien que je ne m’attendais pas à faire une nouvelle crise. Je pensais avoir changé, mais non, il faut dire aussi que ça a été brutal pour moi, de voir Estelle ainsi.

Cette nuit là dans mon lit, ne n’arrive pas à vraiment dormir, je tournes sans cesse dans mon lit, tout comme les questions dans ma tête. Le lendemain, lorsque mon réveil sonne, je ne suis vraiment pas en forme, ma mère me dit de rester là, de me reposer.

J’ai sur mon téléphone des dizaines de messages de Guillaume, il m’en a envoyé hier soir, je ne lui ai pas répondu. Je prends le temps de le faire là, il a dû s’inquiéter, alors je lui explique en quelque mot. Il est de suite plus rassuré, mais en même temps mal pour moi.

Je retrouve une nouvelle fois le sommeil, ma tête est lourde, remplie d’images, de questions, mais surtout de remords. Je dors pratiquement toute la journée, je me réveille lorsque mon téléphone sonne, c’est un appel de Guillaume.

Je lui réponds, il me dit qu’il est en bas de l’immeuble, qu’il souhaite me voir. Je me lève pour appuyer sur l’interrupteur et le laisser monter, lorsqu’il apparaît devant moi, il me prend aussitôt dans ses bras, pour me réconforter.

Nous nous installons dans le canapé, je lui raconte toute l’histoire, qui n’a pas pu tenir dans le texto que je lui ai envoyé. Il est vraiment mal pour moi, car il se dit être responsable dans cette histoire, qu’il en est aussi la cause.

Je ne veux pas qu’il pense ça de lui, il a su de son côté avoir des moments avec ses amis, c’est moi qui n’ai pas su faire la même chose. La seule à blâmer dans cette histoire c’est moi. Il me réconforte du mieux qu’il peut, il me fait sourire, preuve qu’il y arrive très bien.

Il me dit que je devrais venir au collège demain, et essayer de parler avec Estelle et Kévin. Surtout leur présenter mes excuses, si je m’en sens capable. Au fond de moi c’est ce que je veux faire, mais j’ai peur de ne pas trouver les mots une fois devant eux. Guillaume me dit qu’il sera là si je le souhaite, qu’il m’accompagnera pour m’aider.

Je le remercie, surtout d’être venu me voir, je ne m’attendais pas à ce qu’il fasse ça, je le trouve tellement mignon, surtout lorsqu’il me dit qu’il m’aime, et qu’il ferait n’importe quoi pour moi. Je me blottis tout contre lui, je lui promets que demain je viendrais, et que j’irais parler avec mes amis, mais toute seule.

Je veux le faire pour moi, pour mes amis, et Guillaume me comprend très bien. Tout en parlant la porte s’ouvre, c’est ma mère qui vient de finir son travail. Elle est contente de voir que Guillaume est là, elle sait que j’ai trouvé là du réconfort, que je vais plus vite m’en remettre.

Nous avons continué de parler tous les trois, changeant de sujet pour rire un peu, surtout pour me faire penser à autre chose. Après le départ de Guillaume, je reste avec ma mère, je n’ai rien avalé depuis hier midi, tellement je me sentais mal. Je me rattrape donc ce soir avec un bon repas, bien chaud.

Avant de me coucher, je vais discuter un peu avec Guillaume par message, je le remercie encore d’être passé, d’être tout simplement lui, de me faire rire, malgré mes pensées, mes angoisses, mon mal. Lui aussi, agit sur moi comme un baume, il arrive à me redonner le sourire dans une telle situation, je l’aime tout simplement.
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