chapitre 130 image
Nous parlons de cela encore pendant un bon moment avec Guillaume, toujours sous l’effet de la surprise. Je me dis que je peux parfaitement comprendre ce que peut ressentir Marguerite à ce moment là, mais je suis sans doute loin du compte. Je ne pourrais jamais vraiment me mettre à sa place, sauf à moins de vivre la même situation.

Nous sommes toujours assis dans le canapé, lorsque ma mère rentre du travail. Elle ne va pas à la zumba ce soir, voulant se préparer pour son deuxième rendez-vous. Elle nous salue comme à son habitude, demandant comment c’est passé notre journée.

Je lui dis que la journée c’est passé de la façon la plus normale, je sais que je lui mens, mais je ne tiens pas à ce que cette histoire puisse gâcher en quoi que ce soit sa soirée. Nous prenons le temps de boire, de discuter avant que mon chéri ne nous quittes pour rentrer chez lui.

Maintenant seule avec ma mère, nous prenons le temps comme avant chaque rendez-vous de lui choisir une tenue, de nous prélasser dans un bon bain, tout en parlant à nouveau de Marco. Nous sortons de la douche pour passer dans la chambre, je reste avec ma mère pendant qu’elle s’habille, se maquille, puis je l’embrasse en lui souhaitant de passer une bonne soirée.

A partir de là, je vais m’occuper comme je peux, je reste sur l’ordi pendant quelques heures à parler sur fb avec Estelle et Kévin. Le sujet de Marguerite n’est pas écarté, et apparemment il s’en dit des choses, quelqu’un a soit disant une vidéo d’elle dans une soirée avec plusieurs mecs, d’autres encore disent qu’elle montre volontiers ses seins contre de l’argent derrière les bâtiments du collège.

Je ne connais pas Marguerite comme si elle était une amie, mais je trouve honteux de propager des rumeurs, des mensonges à son égard. Tout cela me rend malade, je reste malgré tout là à parler avec mes amis, puis je coupe l’ordi pour me faire à manger, essayant de me changer les idées devant un film.

Je n’arrive pas à me retirer ses idées de la tête, je revois les images sur le téléphone de Guillaume, puis sans que je m’en rende compte, je m’endors, épuisée, sur le canapé.

Ce n’est que lorsque que ma mère arrive que je me réveille, surprise par le bruit des clés dans la serrure.

Maman : oh ma chérie, ça va ? Je t’ai réveillée désolée
Moi : humm, je me suis endormie, je…
Maman : on dirait que ça ne va pas, ou tu as besoin de vraiment te reposer
Moi : hummm c’est que…
Maman : oh il y a quelque chose ?
Moi : oui, mais parle moi tout d’abord de ta soirée
Maman : oh, hey bien il y a beaucoup à dire, ça peut attendre demain

Je crois qu’elle a raison, je ne semble pas pouvoir tenir plus longtemps que ça, je suis vraiment fatiguée. Même si j’attendais son retour avec impatience pour savoir ce qui a bien pu se passer, je vais être raisonnable. Je me lève, en titubant, puis l’embrasse avant de me diriger vers ma chambre.

De là je ne me souviens pas avoir été réveillée plus d’une minute, c’est le trou noir jusqu’au matin. En me réveillant, mon premier reflexe est de regarder l’heure, il est 09H45. Je ne pensais pas avoir besoin de dormir autant, et pourtant.

Je me lève, une fois sortie de ma chambre, j’entends du bruit dans la cuisine. Ma mère est déjà debout, alors je la rejoins, l’enlace pour lui dire bonjour, puis m’installe pour prendre mon petit déjeuner.

Je me sens beaucoup plus en forme, et notamment pour écouter ce qu’elle a à me dire sur son deuxième rendez –vous.
Ils étaient ravis, tous les deux de se retrouver, ayant plu l’un à l’autre, ils n’attendaient que cette occasion de se revoir. Le dîner était très agréable, tout comme les longs sujets de conversation qui ont rythmés toute la soirée.

Chacune des histoires les font se connaître un peu mieux, se découvrant toujours plus, leur attirance connaît le même effet. A la fin du repas, ils ont pris le temps de se promener, appréciant chaque moment en la compagnie de l’autre, avant de quitter.

En regardant ma mère ce matin là, elle est comme sur un nuage, heureuse de ressentir se pincement au cœur lorsqu’elle pense à Marco. Je lui demande alors si elle éprouve des sentiments plus fort pour Marco que ceux qu’elle a connut avec Bruno.

Pour elle, les sentiments sont pratiquement les mêmes, gardant l’esprit clair qu’elle passe d’agréable moment, mais que ce n’est encore que le début. Elle sait qu’il ne faut pas se bercer d’illusion, elle verra donc ce que lui réserve leur prochaine rencontre.

Je lui demande alors si elle ressent déjà du désir pour lui, et elle ne peut pas se mentir. Pendant toute la soirée, elle n’a eu de cesse d’avoir des moments d’excitation, auxquels elle aurait voulu se laisser aller. Surtout à un instant précis, lorsqu’il lui a pris la main, alors qu’elle était posée sur la table.

Une caresse sans doute innocente, ou pas, vu comment il semble charmeur, mais qui a eu pour effet de complètement liquéfier son intimité à ce moment là. Elle ne me cache pas qu’à son retour chez nous, une fois dans son lit, elle s’est laissé aller à des caresses jouissantes.

Je ne peux qu’en rire, mais je suis déçue de ne pas l’avoir entendu hier soir, et pourtant, elle ne s’est pas privée de gémir comme il faut. J’étais sans doute trop fatiguée pour l’entendre.

Nous discutons encore de sa soirée, revenant sur des détails, des histoires partagées. Les heures passent, puis nous finissons par aller à nos occupations, un peu de ménage, de musique, de devoir, pour finir la journée par un film que nous regardons toutes les deux.

Dimanche est passé comme s’il n’avait pratiquement pas existé, entre messages, petite sieste et film, cette journée s’est déroulée d’une façon reposante.

C’est donc un choc lorsque lundi nous revenons à une tout autre réalité. Je retrouve mes amis et mon chéri, comme à mon habitude. Puis au moment de regagner nos salles respectives, nous sommes tous invités à rester dans la cour. Je ne sais pas trop ce qui se passe, jusqu’à ce que le principal ne prenne la parole, muni d’un micro.

J’oubliais presque l’histoire de Marguerite, ayant passé le reste de mon week-end focalisé sur la soirée de ma mère. Et pourtant c’est un rappel à l’ordre assez brut qu’évoque le principal. Toute cette histoire a pris une ampleur incontrôlable, qui impose de prendre des mesures.

A partir d’aujourd’hui, toute utilisation de nos téléphones que ce soit dans les salles comme dans la cour sera sévèrement sanctionnée. Si un élève est pris a parler de cette histoire, il sera aussitôt convoqué, voir renvoyé pour quelques jours. D’autres mesures seront adoptées, si les deux premières ne suffisaient pas à freiner cette histoire.

Dans la cour, certains élèves se sentant innocent à tout cela ne comprennent pas pourquoi de telles mesures sont prises, infligeant à tous les mêmes sanctions, qu’ils aient ou non, participer à la propagation de ses fichiers.

Le principal tient alors à expliquer, comment, et pourquoi, il en est arrivé à de telles mesures. Suite à toute cette histoire, aux rumeurs qui ce sont crées, la jeune fille a dû séjourner en urgence à l’hôpital. Pas qu’à cause des photos et vidéos qui ont circulés sur elle, mais aussi suite à des messages haineux, voir provocateur et menaçant qui ont conduit Marguerite à une tentative de suicide.

Cette annonce nous a tous glacer le sang, le silence règne sur tous les élèves présents. Je peux voir sur le visage de certains, la surprise, mais aussi l’incompréhension. Il est difficile de se dire que l’on a pu participer de près ou de loin à cet acte.

Et pourtant c’est le cas comme nous l’explique le principal, le simple fait d’en parler, peut véhiculer des maux qui peuvent affecter gravement une personne dans une telle situation. C’est le cas de Marguerite, qui n’a pas supporté le fait d’être exposé aux yeux de tous, le fait d’être humiliée, insultée, menacée, par des personnes qu’elle considérait sûrement comme des camarades, des amis.

Et ce week-end, Marguerite n’en pouvant plus de tout cela, a pris une décision lourde de conséquences. C’est pourquoi aujourd’hui, le principal se dresse devant nous, pour nous inciter, à cesser tout cela, avant que la vie de notre camarade ne soit perdue, et que cela nous affecte tous.

Le principal nous remercie d’avoir pris le temps de l’écouter, il précise aussi que si nous ressentons le besoin, nous pouvons à tout moment aller voir l’assistante sociale qui est présente toute la journée, afin de lui parler, d’échanger sur ce que nous pouvons ressentir en cas de problèmes ou non.

Cette réunion est close, et nous sommes invités à rejoindre nos salles respectives dans le calme, afin de continuer notre journée. Je crois que c’est la première fois que je vois autant d’élèves marcher dans les couloirs, les escaliers, dans un silence maître.

Le reste de la journée s’est déroulée d’une manière exceptionnelle, les professeurs n’ont pas eu besoin de lever la voix, de nous rappeler à l’ordre ou autre. Au contraire, ils étaient eux aussi calmes, et chaques cours, ou mots prononcés, pouvaient nous rappeler combien les actes peuvent avoir de grandes conséquences.

A la fin de la journée, avant de quitter la dernière heure de cours, nous avons tous reçus une lettre à remettre à nos parents, expliquant la situation, et les mesures prises à ce jour. Un mail leur sera également adressé, mais la leur remettre nous même signifie que nous comprenons parfaitement ce qui a été fait, et la situation dans laquelle se trouve actuellement Marguerite.

A la sortie, je retrouve mon chéri, avec qui je marche longuement jusqu’à arriver chez moi. Nous n’avons pas arrêté de parler, de nous mettre à la place de cette fille, même si nous n’y arriverons jamais vraiment. En tout cas, la présence de Guillaume me réconforte, surtout après cette journée.

Je lui demande aussi ce qu’il a fait des photos et vidéos, il me dit qu’il les avait supprimés depuis vendredi, ce qui me rassure encore plus. Lorsque ma mère est rentrée de son travail, je lui ai aussitôt donné la lettre. En la lisant elle était sous le choc de la nouvelle, me demandant aussitôt comment je me sens.

Je lui dis que je vais bien maintenant, même si je semblais un peu patraque pendant cette journée. Nous en avons encore parlés tous les trois, puis après que Guillaume soit partis, ma mère me demande si nous avons fait des photos du genre, ou même des vidéos.

Je la rassure de suite que non, que Guillaume ne m’en a jamais demandé, et que suite à cette histoire, nous savons tous les deux les risques encourus. Nous avons passés le reste de la soirée à parler calmement, puis je suis restée avec ma mère, à me blottir contre elle dans le canapé, cherchant peut être du réconfort, ou alors à me sentir en sécurité.

Je ne souhaite vraiment pas vivre cela un jour, je ne sais dans quel état je pourrais me retrouver alors. Mais j’ai de la chance d’être entourés de bonnes personnes, qui m’aime et qui prennent soin de moi, ils sont tout ce qu’il me faut, et bien sûr, j’espère de tout cœur, que toute cette histoire va s’arranger au plus vite, même si je le sais, ce sera encore très dur à vivre pour Marguerite…
CE SITE A ÉTÉ CONSTRUIT EN UTILISANT